L'entreprise automobile a récupéré ses marques commerciales et s'est relevée. Elle compte désormais pérenniser grâce à la diversification et envisage même une croissance qui pourrait doper les exportations wallonnes.
Le savoir-faire traditionnel et reconnu de Carat-Duchatelet depuis plus de 40 ans, c'est la transformation de véhicules à la demande du client: personnalisation, peinture, révision des boiseries, du cuir, jantes, jupes latérales... ils se sont ensuite spécialisés dans l'allongement et le blindage de véhicules, ce qui offre toute une palette de services très haut de gamme. Leurs clients? Des rois, des présidents, des personnes aisées principalement en Afrique, au Moyen-Orient, en Russie et dans les ex-républiques soviétiques ainsi qu'en Birmanie, par exemple. La voiture du mariage princier à Monaco est également sortie des ateliers liégeois.
Quand Jean-Paul Rosette a repris l'entreprise, avec l'aide de la SOGEPA et de la SOFINEX, il a pu compter sur des ouvriers très qualifiés qui bénéficiaient de plus de trente ans d'expérience et qui pouvaient se targuer de posséder un savoir-faire très rare, pour ne pas dire unique en son genre. Des ébénistes capables de modifier ou d'adapter les boiseries intérieures d'un véhicule après son allongement, des spécialistes en sellerie qui peuvent fournir des surpiqûres particulières selon la volonté des clients. On se rend vite compte de la qualité des services délivrés par l'entreprise en visitant l'atelier avec les explications de Vincent Lambert, Directeur technique. Aucune sous-traitance: tout est fait sous le même toit. Rien n'est laissé au hasard.
Dans un premier temps, les véhicules sont démontés et scannés en 3D grâce à une technologie de pointe, qui permet d'abord de modifier le véhicule virtuellement et qui garantit un remontage parfait. Ensuite, on passe du côté de la tôlerie, où on va blinder et allonger la voiture qui passe en moyenne de 2,1T à 4,5T. Les charnières, les lève-vitres, les suspensions et le train roulant sont encore adaptés à la modification du poids. Puis les boiseries, la sellerie... L'ensemble du processus peut prendre entre 4 et 10 mois selon ce qui a été demandé. Le certificat de conformité? Cela n'existe pas en Afrique ou au Moyen-Orient, la seule marque Carat-Duchatelet est un label de qualité bien suffisant aux yeux des clients.
L'entreprise délivre désormais en outre des véhicules (principalement des Mercedes S500 ou S600, importées directement d'Allemagne car non-disponibles à la vente en Belgique) blindés, sans allongement: il y en a une douzaine en stock. Elle revient également à ses origines: la personnalisation à la demande du client, comme classiquement, la séparation de l'habitacle du chauffeur et l'intégration d'un grand écran multimédia. Ces deux lignes devraient permettre de faire évoluer les chiffres de leurs exportations. L'an dernier, près de 98% des ventes ont eu lieu à la grande exportation. Même si cela ne figure pas parmi leurs objectifs principaux, l'Europe devrait faire partie de leurs nouveaux clients. Ils songent aussi à semi-industrialiser cet artisanat afin de diminuer les coûts mais une chose est sûre: cela ne se fera pas au détriment de la qualité.
Un investissement de 15M€ est également prévu au niveau du lieu de production. Transformation du lieu actuel, extension ou acquisition voire construction d'un nouveau site; toutes les options restent ouvertes mais la priorité sera de rester à Liège et de conserver l'ensemble des ouvriers. Lors de la reprise, 29 emplois ont été conservés, ils sont déjà 49 et devraient être entre 80 et 100 à l'horizon 2020. Cet enthousiasme est notamment lié au chiffre d'affaires qui a été de 1,2M€ la première année, 7,5M€ en 2015. Ils prévoient un CA de 50M€ en 2020, s'ils doublent effectivement leur production qui est actuellement d'une vingtaine de véhicules par an, ce qui semble tout-à-fait réaliste au vu de leur carnet de commande actuel, complet jusqu'en septembre. Même en tenant compte de la faiblesse actuelle de l'euro et du baril du pétrole qui sont respectivement un facilitateur et un obstacle au niveau des ventes vers les pays pétroliers. Et pourquoi pas une prochaine entrée en bourse?
Mathieu CAVILLOT
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